Résumé

La décennie qui va de 1836 à 1845 est au Canada d'une exceptionnelle effervescence : entre les signes avant-coureurs des Rébellions et le retour des Exilés politiques, on assiste à la fois à la formation de l'espace public canadien et à l'émergence d'une littérature nationale. Le journal Le Canadien est alors l'un des périodiques les plus influents du Bas-Canada ; on peut y lire une diversité de discours parfois contradictoires, nourris au feu de l'actualité politique, économique et sociale, tendus vers une société plus juste, mais toujours inscrits dans des formes littéraires. Comment Le Canadien a-t-il contribué à donner à l'espace public canadien sa configuration ? Comment a-t-il composé avec les inévitables brouillages entre réalité et fiction que créait la facture littéraire du journal ? Quel rôle a-t-il joué dans l'émergence de l'ethos utopique qui deviendra, selon Fernand Dumont, hégémonique à partir de 1845 ? Voilà les grandes questions qui sous-tendent les travaux du groupe de chercheurs que dirige Micheline Cambron depuis 1990.