«Depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent» (La Bruyère), leurs mots s'usent et se renouvellent au gré des besoins, des modes, de l'évolution des sciences. Les médecins d'aujourd'hui ne parlent plus tout à fait comme ceux de Molière. Usure habituelle, banale.

Le vocabulaire fiscal connaît cette usure normale ; comme les autres vocabulaires de spécialités, il a cette face claire. Mais il déroge, car à l'opposé, il présente une face de soufre, dont les mots râpent davantage et s'usent plus vite que les autres. C'est l'objet de ce livre.

Le fisc, en effet, attente à l'intégrité physique des hommes. Qui se défendent. Par la révolte parfois, plus souvent par la dérision. Laure Agron le montre à travers trois siècles de littérature française, avec l'aide du monde du spectacle : chansons, sketchs, parodies, pièces de théâtre, films, dessins de presse, bandes dessinées. Elle décrit en regard les réactions du Pouvoir, qui tente l'anesthésie et, quand cela ne suffit pas, sonne le tocsin, en s'abritant toujours derrière l'hermétisme de son vocabulaire propre, que ses victimes ne comprennent guère. «C'est la partie la plus substantielle de la thèse, la plus inattendue, la plus drôle aussi», dit en sa préface le professeur Maurice Cozian.

Alors, pour rire ou pour pleurer, cette Histoire du vocabulaire fiscal vous laissera peut-être, comme l'éminent préfacier, «dans un état de rare félicité», après avoir comblé «l'esprit curieux à la fois de vocabulaire et de fiscalité en même temps que de littérature sous ses différentes formes».