Dans les sociétés occidentales où toute une tradition de pensée a systématiquement privilégié les «arrière-mondes», le vêtement n'a jamais été considéré autrement que comme une apparence trompeuse à laquelle il convenait de préférer la vérité... toute nue.

Or le vêtement a sa vérité propre, une vérité dont l'analyse exige de renverser le point de vue que l'on porte communément sur lui, puisqu'il s'agirait alors de l'appréhender non plus comme une puissance d'erreur mais comme un moule ou une matrice, non plus comme une instance seconde et accessoire mais comme un élément premier et fondateur, déterminant les comportements individuels aussi bien que les structures sociales.

C'est ce renversement que ce livre s'efforce d'élucider, notamment en engageant une réflexion de fond sur la nature et le statut de l'élégance à l'époque contemporaine, et en soulevant des questions telles que : en quoi l'adoption de telle ou telle parure vestimentaire peut-elle modifier un comportement ou déterminer une identité ? Plus généralement, quelle est de nos jours la fonction sociale de la mode ? Si l'on admet que la mode fournit des modèles, comment les fournit-elle ? Et si la présentation de ces modèles passe par le filtre des images, dans quelle mesure les images de la mode se révèlent-elles alors significatives de l'état d'une société ?