La Révolution française et la construction d'un Etat allemand ont, au cours du XIX^e siècle, profondément bouleversé la vie religieuse et culturelle des populations allemandes. Au lendemain de la Révolution, les catholiques allemands sont livrés au pouvoir des princes protestants. De même en 1815 un seul état catholique, la Bavière. Dès lors les fidèles de l'Eglise romaine se tournent vers le Saint-Siège qui leur apparaît comme le vrai et seul protecteur. C'est une des origines du Kultur Kampf. Par ailleurs, communauté minoritaire, le catholicisme allemand s'attache très vite aux problèmes de la condition ouvrière liés à la grande révolution industrielle puis se développe après la mise en place du Zollverein.

Le protestantisme allemand, lui, se déchire entre luthériens orthodoxes, libéraux et simples théistes, rebelles à toute organisation ecclésiale et à toute dogmatique. Ils s'enthousiasment pour l'unité allemande. Chez certains d'entre eux, un déisme germanique nationaliste tend à se substituer à la tradition chrétienne et prend à la fin du siècle un caractère raciste glorifiant la germanité. Tout cela facilite un fort mouvement de sécularisation.

Quant à la communauté juive, implantée en Allemagne depuis l'époque romaine, grâce aux Lumières et à la Révolution, elle obtient une relative liberté religieuse mais l'égalité des droits seulement au milieu du siècle. Cela accélère un important processus d'assimilation et de déjudaïsation auquel tentent de s'opposer quelques communautés orthodoxes. Quant au sionisme jusqu'en 1914 il n'intéresse guère la masse de la population qui se veut allemande de religion israélite malgré la montée de l'antisémitisme.