Romancier, critique, essayiste, journaliste... Jean Prévost fut pendant vingt ans l'un des écrivains les plus féconds et originaux de notre avant-guerre, n'admettant aucune limite à sa curiosité intellectuelle, passant de la littérature au sport, du cinéma à l'architecture, de l'enseignement aux sciences... La vigueur de son style fait écho à sa rectitude morale. Sa sagesse est faite d'énergie et de distance, et son ironie ne l'écarte jamais des dures réalités de son époque.

Sa brillante carrière fut interrompue tragiquement dans le Vercors le 1^er août 1944 : le capitaine Goderville venait de se battre à la tête de sa compagnie, «sans peur ni haine», avec le courage tranquille de celui qui déteste la guerre, mais obéit à une exigence intérieure qui ne souffre pas de compromis.

Odile Yelnick (Jean Prévost, portrait d'un homme, 1979) et Jérôme Garcin (Pour Jean Prévost, 1994) avaient déjà rendu hommage à l'homme et à l'écrivain. Ici, Michel Prévost donne de son père un portrait nécessairement différent, nous dévoilant «reconstruit à partir de bribes, de fétus, un être plus rêvé que connu, plus admiré que compris».

«Retrouver Jean Prévost», c'est découvrir, plus qu'un homme, une époque où les mots de culture, d'idéal, d'humanisme avaient pleinement leur sens.