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Livre

Le dictionnaire du littéraire

Résumé

Répertorie tous les termes utilisés pour parler de la littérature de langue française : mouvements, registres, genres, pratiques, institutions, concepts critiques, questions d'esthétique littéraire. Chaque notice comprend trois parties : définition du domaine ou de la notion ; historique de la notion ; problématique thématique, institutionnelle, épistémologique.


  • Contributeur(s)
  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2002
  • Notes
    • Index
  • Langues
    • Français
  • Description matérielle
    • XXV-634 p. ; 25 cm
  • Collections
  • Sujet(s)
  • ISBN
    • 2-13-051690-4
  • Indice
    • 840(03) Littérature française. Dictionnaires, glossaires
    • 81(07) Littérature générale. Manuels
  • Quatrième de couverture
    • A un vieux Grec, qui demandait au chêne de Dodone s'il fallait accueillir les noms impénétrables des dieux étrangers en même temps que ces dieux, ou leur donner des noms lisibles, l'oracle répondit : garde les noms barbares. Vers 1330 l'Anglais Guillaume d'Occam, théologien, dans une injonction coupante passée à la postérité sous le nom de Rasoir d'Occam, tempéra l'enthousiasme de l'oracle : «Ne multipliez pas le nombre des entités au-delà de ce qui est nécessaire.» Entre ces deux anecdotes, qui disposent diversement de la vie des mots, l'une avec générosité, l'autre avec avarice, se tient l'espace périlleux où sont choisies les entrées d'un dictionnaire. Le dictionnaire de Dodone serait infini, puisque les dieux de la terre sont en nombre infini. Celui de Guillaume d'Occam, de taille en coupure, ne retient peut-être que le seul mot Dieu.

      La littérature aussi est un dieu - encore faut-il délimiter ses terres et ses temples, définir ses attributs, ses avatars, le divin, qui s'appelle ici le littéraire. Ce n'est pas une petite affaire, tout choix est hérétique au regard des autres choix, et sacrilège au regard du dieu. Si j'étais Guillaume d'Occam (Dieu m'en préserve !) j'aurais rasé la plupart des entrées ; si j'étais le chêne de Dodone (les dieux ne l'ont pas permis), j'aurais laissé s'ébruiter dans ces pages tous les vieux mots tombés en quenouille, les grecs et les latins, ceux de la Pléiade et de Port-Royal. Le dieu et le littéraire ne s'en seraient pas satisfaits davantage. Le dieu et le littéraire sont rétifs, capricieux, duplices : tout discours d'escorte leur est un frein, une injure, une entrave. Ils s'y débattent comme dans les mailles d'un filet.

      Pourtant le filet qui l'arrête laisse voir un instant le dieu, entre ces mailles que sont les entrées. A affects, à écriture, à incipit, à énonciation, à rythme, c'est lui, c'est son souffle et son pas, c'est lui-même ; à bibliothèque, c'est le temple ; à poète, c'est l'enfant de chœur, à roman, les chanoines ; à grammaire, à forme, c'est le rite ; à inspiration, c'est ce qui excède le rite ; à chef-d'œuvre, c'est le don du dieu - ou son simulacre. Le dieu n'est pas très content qu'on voie tout cela, les manœuvres des prêtres et les coulisses du temple, la cuisine de l'au-delà. Mais nous, lecteurs, nous le tenons, nous jubilons, nous allons voir ce qu'il a dans le ventre. Dans un même mouvement nous le démasquons et nous l'encensons. Nous ouvrons ce livre.

      Pierre Michon


  • Origine de la notice:
    • Electre
  • Disponible - 81(07) DIC

    Niveau 3 - Langues et littératures

  • Disponible - 840(03) DIC

    Niveau 3 - Langues et littératures