Un prodigieux secret se dissimule au cœur des chefs-d'œuvre d'Alfred Jarry, au fond de cette pensée libre et insolente qui a donné naissance à Ubu, au Surmâle, à César-Antechrist... Le «secret des origines» de cette œuvre consiste, selon Sylvain-Christian David, dans la «sidérante lecture» faite par Jarry des Chants de Maldoror et des Poésies d'Isidore Ducasse, plus connu sous le nom de comte de Lautréamont.

«A partir des innombrables réminiscences, allusions ou même emprunts à Ducasse» qu'il découvre disséminés dans toute l'œuvre de Jarry, l'auteur nous met en présence, comme l'écrit Annie Le Brun dans sa préface, «de révélations en chaîne mais dont la complexité empêche de croire à un simple phénomène de possession [...]. Car Sylvain-Christian David réussit à nous montrer comment Jarry a délibérément choisi Ducasse, avec et contre son ami Léon-Paul Fargue. C'est même là un des apports majeurs de cette lecture en miroir, tout se passant comme si l'enjeu de ce qui va lier passionnément les deux jeunes gens qui se rencontrent en 1892 avait été Ducasse, plus exactement l'appréhension, la compréhension et l'intégration du cataclysme poétique provoqué par celui-ci.»

Cette enquête aussi passionnée que passionnante fera date dans l'histoire littéraire, tant elle renouvelle la compréhension que nous avions jusqu'à présent de l'œuvre à la fois si drôle et si profonde, si complexe et si fine, si séduisante et en même temps si difficile, d'Alfred Jarry.