Comment les artistes de la Renaissance apprennent-ils la perspective ? En 1583, le mathématicien Egnatio Danti, dominicain et professeur à l'université de Bologne, publie à Rome les notes manuscrites du célèbre architecte Giacomo Barozzi dit le Vignole, ancien pensionnaire de la cour des Valois à Fontainebleau, serviteur de la famille Farnèse et successeur de Michel-Ange à la fabrique de la basilique Saint-Pierre. C'est le fruit d'une longue expérience dans les ateliers, qui est alors mis à la disposition des amateurs et des artistes italiens : par ses commentaires didactiques et ses explications détaillées, Danti rend ainsi la pratique de la perspective accessible à un large public.

Avant l'exposition des règles ou méthodes, Danti dresse les contours du domaine d'exercice de la perspective et développe les connaissances nécessaires à son apprentissage : statut de la géométrie parmi les sciences et les arts, notions d'optique conditionnant la figuration et l'enseignement d'une géométrie élémentaire... Suivent les deux règles de Vignole, accompagnées de nombreux commentaires et exemples d'application. Danti passe ensuite en revue plusieurs autres règles employées à l'époque dans les milieux artistiques, notamment des règles fausses, ainsi qu'un catalogue d'instruments mécaniques employés par les perspecteurs.

Les deux règles de la perspective pratique de Vignole s'imposent dès la fin du XVI^e siècle comme l'ouvrage de référence - largement copié, paraphrasé et plagié jusqu'au XIX^e siècle - tant pour les artistes, les architectes que pour les savants. Première encyclopédie des pratiques de perspective, il fournit au lecteur un vaste panorama des techniques employées à la Renaissance. La version en français de Pascal Dubourg Glatigny, première traduction jamais publiée, est ici accompagnée du fac-similé de l'édition originale et d'un abondant appareil critique.