Le titre de l'ouvrage renvoie explicitement et directement à une actualité non encore éteinte: le débat qui s'est fait jour lors de la rédaction de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, puis, lors de la rédaction du projet de Constitution européenne au sein de la Convention de l'Union présidée par Valery Giscard d'Estaing: faut-il oui ou non mentionner dans un texte solennel et constitutif du projet politique d'une union se voulant chaque fois plus étroite entre une bonne partie des peuples et des États de l'Europe géographique, les racines et les inspirations chrétiennes d'une civilisation historique et actuelle portant le même nom? Cette référence est-elle susceptible de faire obstacle à l'entrée dans l'Union d'un pays à culture islamique ancestrale comme la Turquie?

Mais le dessein des promoteurs de cette recherche et de l'écriture qui en résulte, n'a pas pour finalité principale de commenter et d'interpréter l'actualité de la construction européenne, mais bien plutôt, à propos ou non de cette même actualité, de s'interroger sur les éléments constitutifs en longue période de la culture européenne: penser son identité, non pas de manière excluante, mais dans un dessein d'élucidation qui n'est rien d'autre que le propos de la science. C'est pourquoi, cet ouvrage poursuit l'interrogation sur l'identité religieuse et spirituelle de l'Europe dans l'exploration du rapport entre modernité, religions, idéologies, religions séculières et religions civiles inspirées du christianisme.