Depuis le décès de Pierre Mendès France en 1982, les analyses se sont focalisées sur l'homme politique national, le «président», politiquement récupéré dès le soir de son décès, malgré les voeux qu'il avait exprimés. Or ses responsabilités ont duré sept mois et dix-sept jours à l'échelon de la France, contre vingt-six années à celui de l'Eure et plus de douze sur le plan international. L'action de Pierre Mendès France s'est donc bien exercée, avant tout, dans l'Eure, comme maire de Louviers, député et président du conseil général. C'est au contact des citoyens de ce département qu'il a nourri sa réflexion. C'est ce terreau électoral qu'il a cultivé. C'est dans l'Eure - «l'origine et le centre de ma vie politique», disait-il - qu'il a inscrit son action dans la durée.

Le vingtième anniversaire de sa disparition et le soixante-dixième anniversaire de sa première élection - en 1932, à l'âge de vingt-cinq ans - comme député de l'Eure, ont servi de prétexte commémoratif au colloque «Pierre Mendès France et la démocratie locale», organisé par le conseil général de l'Eure les 28 et 29 novembre 2002, en collaboration avec l'Institut Pierre Mendès France. Mettant l'accent sur la comparaison entre l'homme politique national et l'homme politique local enraciné dans l'Eure, sur les articulations entre les préoccupations du président du conseil et de l'élu local, ce colloque éclaire d'un jour nouveau l'action et la personnalité de

Pierre Mendès France. Par petites touches, les actes de ce colloque font apparaître un homme politique différent de celui qu'incarna le «président» sur le plan national.