La poésie de Rafael Alberti puise à des sources multiples qui empruntent à la grande tradition de la poésie espagnole et aux productions récentes des avant-gardes. Ses oeuvres de jeunesse ont trop souvent été réduites à la virtuosité d'une poésie sans réelle densité: c'est à leur relecture qu'invite cet ouvrage.

A vingt-trois ans, Rafael Alberti reçoit le Prix National de Littérature pour son premier livre. Né en 1902, l'adolescent est arraché à son Andalousie natale et contraint de suivre sa famille qui s'établit à Madrid en 1916. Désillusion et tristesse. Il se met à écrire, exorcisant la souffrance de l'exil. Un voyage, entrepris durant l'été 1925 avec l'un de ses frères, lui fait parcourir la Vieille-Castille et le Pays Basque. Il croque sur le vif, dans de brèves compositions, des impressions fugaces et ce sera La amante. Ce premier cycle de poésie se clôt sur El alba del alhelí, où l'évocation d'une Andalousie noire, proche de l'univers de cet autre grand poète et ami, Federico Garcia Lorca, côtoie les chansons consacrées à la mer. Le recueil suivant Cal y canto constitue une réflexion passionnante autour de la poésie pure et de ses impasses. Sobre los ángeles, où l'influence du surréalisme est manifeste, témoigne d'une crise de sujet tout en préfigurant, dans les derniers poèmes, l'engagement politique de Rafael Alberti et l'amorce d'un nouveau cycle de l'un des poètes les plus doués des années 20.