Cependant, dans le pays qui fut le berceau du drapeau rouge et qui lui a conquis son caractère internationaliste, il reste des vétérans irréductibles ou des jeunes débordant d'enthousiasme pour n'admettre qu'un seul étendard symbolisant à la fois le socialisme, le travail, la libération prolétarienne, la fraternité des peuples et la rédemption de l'humanité avec la série prestigieuse des batailles de classe inscrites dans ses plis par l'histoire : c'est le drapeau rouge. [...] La phobie du rouge qu'on rencontre si souvent chez les policiers, les magistrats, les officiers, les patrons, les élus et les journalistes bourgeois, se traduit, comme nous l'avons vu, par des charges, des brutalités, des condamnations, des cris hostiles, des gestes haineux, des interventions à la tribune, des campagnes de presse, et parfois des destructions iconoclastes...

Selon Maurice Dommanget, l'histoire prolétarienne s'articule autour d'un diptyque, dont une première partie est développée dans l'Histoire du Premier Mai, ouvrage que nous avons réédité récemment. Dans l'Histoire du drapeau rouge, il analyse la symbolique de ce drapeau qui fut au départ, l'inverse d'un emblème séditieux : « Au début de la révolution française, il était le drapeau de l'ordre porté à sa plus haute puissance puisque l'on ne le sortait que pour sauvegarder le pouvoir établi ». Ses recherches lui ont permis de nous donner à lire les évolutions de « cet étendard, non seulement de la subversion sociale mais de l'internationalisme ouvrier », qu'il a étudié jusqu'à la guerre de 1939-1945.