Résumé

Considéré en Italie comme l'un des monuments littéraires et intellectuels de ce siècle, Alberto Moravia est l'auteur d'une trentaine de livres parmi lesquels "Le Mépris", "Agostino", "Moi et lui". Dès ses débuts d'écrivain à l'âge de "seize ans et neuf mois", il s'était fixé un rigoureux programme de travail, et sa vie durant, n'y dérogea pas : vissé à sa table, il "écrivait le jour et vivait le soir." "Au commencement était l'ennui, vulgairement appelé chaos..." Forme d'angoisse à laquelle l'écrivain était sujet, et qui pouvait l'amener à perdre tout contact avec la réalité, "L'Ennui" donne son titre à l'un de ses romans les plus fameux. Ce sentiment, qu'il associe au désespoir, à l'indifférence ou à la disponibilité, est aussi, avec la figure de la mère, l'érotisme et la haine de la bourgeoisie ordinaire, une constante de son œuvre de fiction. Antifasciste mais individualiste et répugnant à l'action, solitaire et timide, Moravia s'était créé une sorte de double : schizophrénie qu'en tant qu'artiste il revendiquait volontiers. Archives photographiques ou filmées, témoignages de proches, composent ce portait de l'écrivain avec de nombreux extraits de films adaptés de son œuvre ou auxquels il participa comme réalisateur ou scénariste. Cette œuvre dont Dominique Sanda nous lit, en langue française, un florilège de morceaux choisis. (Images de la culture)