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Je suis celle qui porte des fleurs vers sa tombe

Résumé

La réalisatrice, après de longues années d'exil, retourne dans son pays, la Syrie. Là, elle rend visite à l'un de ses anciens professeurs, le peintre damascène Elias Zayat, qui est également restaurateur d'icônes. Elle insiste pour qu'il nous montre une icône encore vierge de toute restauration : rectangle dont la poussière et la fumée ont rendu la surface entièrement noire et rugueuse. "Je veux montrer", dit-elle, "comment on dévoile cette surface, comment les couleurs progressivement se révèlent pour prendre place dans cet espace noir." Cette scène nous éclaire sur la structure même du film, conçue comme une succession de mises en abyme dont l'enchâssement des différents motifs -exil, lutte politique, prison, amour, amitié, art- portés par la beauté de l'image (noir et blanc) des lieux (île Arwad) et des personnes filmées (plans serrés sur les visages des trois amies aux témoignages bouleversants) dessinent un portrait subtil et complexe de la Syrie à travers un portrait non moins subtil et complexe de la réalisatrice. Comment oublier l'histoire de cette petite fille arménienne dans la longue file de ceux qui fuient l'extermination et qui, brusquement, se détache de ses semblables pour se réfugier sous le manteau de laine d'un berger syrien regardant passer le convoi dont ainsi elle fut la seule survivante, petite fille se révélant être la grand-mère de Youssef, le mari de la réalisatrice ? Comment, vers la fin du film, ne pas être bouleversé lors de l'arrivée de Youssef à l'aéroport de Damas, accueilli par ses amis et sa mère qui ne l'a pas vu depuis 24 ans ? "Je suis celle qui porte des fleurs vers sa tombe et pleure de l'intensité de la poésie" est un vers de la poétesse syrienne Daed Haddad. Il donnera en partie son titre au film, non sans lui avoir profondément transmis son caractère élégiaque.


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