• Aide
  • Eurêkoi Eurêkoi

Vidéo

Au gré du temps

Résumé

Dominique Loreau filme trois installations éphémères, végétales de l’artiste belge Bob Verschueren depuis leur processus de création « au gré du temps » jusqu’à leur disparition progressive. Elles sont réalisées dans trois lieux différents : l’entrepôt d’une usine désaffectée, une longue plage de la mer du Nord, le préau d’une école maternelle ; par l’alternance des séquences, elles paraissent entrelacées nous permettant alors de voyager sans cesse de l’une à l’autre. Le film débute par un plan d’herbes folles qui ont envahi un vieux bâtiment : on entend le cri aigu des mouettes, le bruit assourdissant d’une machine. Puis, la caméra suit le travail réfléchi, lent de Bob Verschueren ; elle en montre aussi la destruction irréversible par la main de l’homme ou par la force de la nature : les roseaux plantés circulairement dans le sable, peu à peu, subissent l’assaut répété des vagues de la marée montante ; les feuilles, inexorablement pourrissent avant que la pelleteuse n’en déblaye le terrain. Les drôles de trognons de pommes que l’artiste avait alignés dans le sens du dallage se recroquevillent. Parallèlement au « work in process » de Bob Verschueren, personnel et « décalé », la réalisatrice montre le monde extérieur, l’environnement quotidien si présent : les enfants qui croquent à pleines dents dans les pommes, le flux et le reflux de la mer grise, les baigneurs qui jouent sur la plage…Cadrées avec recherche, les images de « Au gré du temps » sont infiniment poétiques et sensuelles : les ébats d’une rouge coccinelle sur une feuille, un pétale de fleurs accroché à une toile d’araignée, la flaque d’eau reflétant le ciel, les traces de pas dans la boue ou le sable, les nuances colorées des végétaux sous la pluie. D. Loreau privilégie les plans fixes ; aucun commentaire ne les accompagne mais un travail sur le son très élaboré en souligne l’étrangeté. S’inspirant de la démarche de Bob Verschueren, Dominique Loreau exalte son art et en quelque sorte le dépasse. Plus qu'un documentaire sur le Land Art, elle réalise là un véritable essai cinématographique sur le temps. Des objets banals, elle en capte la beauté fugitive qui, par la magie du cinéma, devient éternelle. Son film procède d’un regard singulier sur l’univers : il devient lui-même œuvre d’art, rêverie contemplative, quête philosophique.


  • Consultable à la Bpi