Ce livre met en lumière une vie autant qu'une oeuvre ; entre Cuba et la France, Jesse Fernández parcourt de très nombreux pays parmi lesquels la Colombie, le Guatemala, le Mexique et les États-Unis ; l'Espagne est également présente en toile de fond, soit un réseau d'affinités riche de tous ces univers qui transparaît dans l'oeuvre. Les villes - La Havane, Mexico, New York en particulier, Madrid et Paris, où se concentrent les grandes figures artistiques et littéraires du moment - attirent Fernández. Car ses photographies sont autant de restitutions de ses rencontres avec écrivains, peintres, musiciens, danseurs, comédiens... dont la liste est éloquente et on ne peut plus diverse. L'oeuvre se développe entre le début des années cinquante et les années quatre-vingt. Cuba, avant et pendant la révolution castriste, constitue un temps fort de ce parcours, sans en être pour autant le point de départ : Fernández commence à photographier en Colombie en 1952, après avoir étudié la peinture. À La Havane, il signe des portraits, des scènes de la vie quotidienne, il photographie le monde de la politique, du spectacle et du sport, et fixe dans son objectif la figure émergente de Fidel Castro. Son parcours s'achèvera en France où il s'est installé en 1977 et meurt en 1986. Le genre qui domine est celui du portrait en situation, sur les lieux de création (page blanche, atelier), mais aussi l'environnement dans lequel le sujet aime à chercher les rencontres ou au contraire s'isoler. Jesse Fernández est attiré par le spectacle de la rue, arrêtant fréquemment son regard sur la surface des murs et les signes qui les ornent. Une photographie pensée en noir et blanc et qui compose avec la lumière naturelle. En parallèle, le photographe mène un travail de plasticien dont les inspirations sont très variées. Mais la littérature compte autant pour lui que l'expérience artistique. Toutes ces passerelles contribuent à rendre l'oeuvre de Fernández originale et inclassable.