Bernard Rancillac

Après un passage par le noir avec des oeuvres comme La Chambre noire mêlant plusieurs techniques, puis un passage par le blanc avec la série matiériste des Fantômas (1962), Bernard Rancillac revient peu à peu à la couleur avec de grands dessins et une peinture nerveuse, pleine de saveur et de dérision. Dans le climat politique international extrêmement tendu des années 1960, il partage sa vision de l'art et du monde avec un groupe de jeunes peintres de nationalités diverses. Ces artistes, en rupture avec l'abstraction, font le choix de la figuration pour expliquer le changement de société dans lequel ils vivent. En 1964, l'exposition Mythologies quotidiennes, qui les réunit au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, marque les esprits par l'utilisation novatrice qu'ils font de l'image à la fois banale et toute puissante.

Dans sa peinture, Rancillac réintroduit le sujet et extrait ses motifs de l'actualité et de la société de consommation alors en plein essor, puisant à la source des médias et de la culture populaire ; magazines, bandes dessinées, cinéma ou romans photos.

A la recherche d'une image efficace, largement diffusable et immédiatement lisible par tous, Rancillac s'engage dans la dénonciation des pages les plus brûlantes de l'actualité socio-politique.

Exigeante, cohérente et subversive, son oeuvre accessible au plus grand nombre, composée de séries sur lesquelles il a opéré et opère parfois encore de nombreuses variations (Mickey, Musiciens de jazz, Stars de cinéma), témoigne du désir de l'artiste d'utiliser son pinceau comme un coup de poing non pour défendre une quelconque idéologie mais pour forcer le regard de celui qui ne veut pas voir.