Résumé

L’importance accordée à l’histoire antique de Marseille vient de ce qu’elle est la plus ancienne colonie fondée par des Grecs sur le territoire national. C’est aussi la ville de Gaule sur laquelle nous possédons le plus de textes antiques, à la fois parce que Massalia a été l’alliée privilégiée de Rome contre Carthage et parce que la riche Cité commerçante a été l’un des facteurs essentiels de l’hellénisation du sud de la France avant la conquête romaine. On ne sera donc pas surpris qu’un chapitre entier de ce volume (p. 141 à 159), ait pu être consacré au recensement des textes antiques qui en parlent. Mais en dépit de cette richesse de textes, Marseille est pauvre en vestiges visibles. Surtout le développement de l’archéologie locale y est récent. Alors que dans bon nombre de villes françaises, la prise de conscience de l’importance du Patrimoine archéologique a commencé dès le milieu du XXe siècle (avec la reconstruction qui a suivi la Deuxième Guerre Mondiale), dans la colonie phocéenne, il faut attendre la construction du Centre Bourse, en 1967, et la suite d’un conflit entre aménageurs et archéologues, pour voir la création du Musée d’histoire de Marseille autour d’un Jardin des vestiges préservés. Il a fallu encore attendre les années 1980 (avec la création de l’Atelier du patrimoine de la ville de Marseille, dirigé par D. Drocourt, et la tenue de colloques scientifiques du Centre Camille Jullian d’Aix-en-Provence) pour voir réellement se développer les grandes fouilles urbaines qui, comme partout en France, ont profondément modifié l’état des connaissances concernant les origines antiques. Dans ce contexte, alors que certaines de ces fouilles attendent encore leur publication définitive, il est apparu essentiel à la Communauté scientifique que le Pré-inventaire qui suit développe volontairement chacune de ces opérations, en y intégrant les mobiliers qui fournissent les preuves indispensables. On y trouvera donc toutes les informations essentielles à la compréhension de l’histoire de Marseille aux époques archaïque, classique, hellénistique, romaine et médiévale. Jamais un tel bilan n’avait encore été tenté. Ce gigantesque « puzzle archéologique » se devait d’être accompagné des multiples synthèses qui permettent mieux de comprendre le sens de l’histoire de la ville. La proximité de Marseille d’un grand centre de recherche, à Aix-en-Provence, a permis d’écrire cette « nouvelle histoire de Marseille » (cf. p. 84 à 307). On saluera les brillantes contributions dues à d’éminents spécialistes sur les sources littéraires, l’apport épigraphique, la numismatique, les productions artisanales, les rites funéraires.