L'art séquentiel - les bandes dessinées, les mangas, les romans graphiques - est aujourd'hui un des moyens privilégiés de témoigner des catastrophes et d'en transmettre la mémoire. Maus ou Gen d'Hiroshima, qui ont pour objet la Seconde Guerre mondiale, sont devenus des classiques, mais depuis les années 2000, le phénomène s'est accentué. Grâce à l'affirmation de la BD reportage, la compétence du neuvième art pour les sujets sérieux a été reconnue. L'art séquentiel aborde des catastrophes de nature différente : fictionnelles (des gags spectaculaires aux récits de fin du monde) ou historiques, comme les génocides du Rwanda et du Cambodge, naturelles, comme l'ouragan Katrina, nucléaires, comme l'accident de la centrale de Tchernobyl.

En jouant sur l'harmonie ou la dissonance du texte et de l'image, en recourant à plusieurs styles de dessin ou en juxtaposant plusieurs niveaux de narration, l'art séquentiel rend compte d'événements récents ou éloignés avec plus ou moins d'objectivité, exploitant le documentaire et le romanesque. Les bandes dessinées peuvent intégrer un vécu personnel voire aidé à surmonter le passé ; elles peuvent faire parler des témoins réels ou fictionnels afin de rappeler des catastrophes dont, parfois, peu de preuves matérielles subsistent Les catastrophes sont décrites de l'intérieur, par les témoins même, ou de l'extérieur, par des visiteurs étrangers. Elles ont connu une répercussion mondiale, ou sont tombées dans l'oubli avec l'éloignement dans le temps. Ce volume analyse cette évolution de l'art séquentiel et en explore les moyens et les enjeux.