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Civilisations, cultures, conflits : Scénarios de la mondialisation culturelle II

Auteur(s) : Tosel, André

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2011
  • Notes
    • Au sein d’un monde déchiré par la guerre globale et les états de violence interethniques la civilisation est considérée comme enjeu, d’un choc. La civilisation occidentale, dominante, se juge par la bouche de certains interprètes directement menacée par d’autres rivales, notamment la civilisation islamique. Les accusations d’impérialisme ne sont pas nouvelles. Depuis le 11 septembre 2001 la tentation est grande pour les leaders occidentaux de récuser l’accusation en faisant valoir la menace terroriste et de donner à leur hégémonie une diction civilisatrice exclusive. S’opère un usage rétorsif de l’incrimination de barbarie. En fait il importe de déconstruire la notion asymétrique de civilisation en prenant la mesure de la barbarie immanente à la mondialisation capitaliste et de distinguer entre islamophobie politiquement injustifiable et critique légitime des religions. L’enjeu est d’empêcher que la problématique confuse du choc des civilisations ne se transforme en prophétie auto-réalisatrice.André Tosel est professeur émérite de philosophie à l’Université de Nice-Sophia Antipolis. Il a publié récemment Un monde en abîme. Essai sur la mondialisation capitaliste, Paris, Kimé, 2008, Spinoza ou l’autre (in)finitude, Paris, L’Harmattan, 2008, et Le marxisme du XX° siècle, Paris, Syllepse, 2009.
  • Langues
    • Français
  • ISBN
    • 9782841745456
  • Droits
    • copyrighted
  • Résultat de :
  • Quatrième de couverture
    • Civilisations, cultures, conflits

      La mondialisation pose à nouveau tout à la fois la question de la civilisation dans son rapport moderne à la barbarie et celle des cultures saisies dans leur rapport de coexistence plus ou moins pacifique. « Civilisation » et « culture » ne sont pas des concepts univoques bien définis, mais des notions indicatives de problèmes à définir, facilement transformables en choses en soi, en substances fixes. Une approche nominaliste préalable s'impose pour ne pas être victime de l'illusion du « primordialisme » qui se donne des entités primordiales engagées dans une gigantomachie. Cette approche permet de dégager les enjeux politiques.

      Au sein d'un monde déchiré par la guerre globale et les états de violence interethniques, la civilisation est considérée comme enjeu d'un choc. La civilisation occidentale, dominante, se juge par la bouche de certains interprètes directement menacée par d'autres rivales, notamment la civilisation islamique. Les accusations d'impérialisme ne sont pas nouvelles. Depuis le 11 septembre 2001 la tentation est grande pour les leaders occidentaux de récuser l'accusation en faisant valoir la menace terroriste et de donner à leur hégémonie une diction civilisatrice exclusive. S'opère un usage rétorsif de l'incrimination de barbarie. En fait, il importe de déconstruire la notion asymétrique de civilisation en prenant la mesure de la barbarie immanente à la mondialisation capitaliste et de distinguer entre islamophobie politiquement injustifiable et critique légitime des religions. L'enjeu est d'empêcher que la problématique confuse du choc des civilisations ne se transforme en prophétie auto-réalisatrice

      La même opération de déconstruction s'impose pour la notion de culture : elle se prête à une autre essentialisation qui passe par l'acceptation relativiste du pluralisme culturel qui désormais est une donnée de nombreuses sociétés. Ce relativisme est contesté par l'idée de culture majoritaire opposée à celle de cultures minoritaires qui accompagnent les phénomènes migratoires irréversibles de la mondialisation. La thématique dominante est celle des identités différentes en conflit potentiel. Le racisme xénophobe d'Etat gagne de nombreux pays dont la France, il rejette les minorités culturelles sur leur « différence » culturelle et légitime une politique de guerre civile préventive à l'encontre des minorités terrorisées accusées de se transformer en communautés terroristes ennemies. L'enjeu est cette fois d'éviter la guerre de majorités prédatrices contre ces minorités. Le recours ne peut être que politique, c'est celui de la transformation des luttes identitaires en conflits sociaux pour une égalité interculturelle.


  • Tables des matières
      • Civilisations

      • Cultures

      • Conflits

      • Scénarios de la mondialisation culturelle II

      • André Tosel

      • Kimé

      • Première partie
        Religions, démocratie, libération figures : Gauchet, Habermas, Dussel
      • Préface
      • Identités culturelles et civilisationnelles ou la manufacture culturelle et politique du non-monde11
      • Chapitre 1.
        Démocratie et désenchantement du monde. Les incertitudes de Marcel Gauchet15
      • 1. Encore une philosophie de l'histoire ? - Une histoire (trop) simple en trois temps, trois mystères. - Théorie de l'histoire et idéalisation de la démocratie régime dans Le désenchantement du monde.
      • 2. Les démentis de l'histoire et la hantise de la crise de la démocratie depuis 1985. - La théorie générale de l'histoire en difficulté. - Vers la crise de la démocratie. - Analyse de la crise.
      • 3. L'avènement de la démocratie et les équivoques de la théorie générale. - Les trois vecteurs de la modernité démocratique et leur difficile synthèse. - Cohérence ou incohérence ? - Entre schématisme et incertitude : apories.
      • Chapitre 2.
        La raison communicationnelle comme médiation
        Jürgen Habermas entre religion et démocratie55
      • 1. Pourquoi réexaminer la question de la religion ? - Faire face à la violence et à la globalisation des figures de la violence. - Quelle analyse de la globalisation après le 11 septembre 2001 ?
      • 2. Le double contenu de l'intérêt habermassien pour la religion. - Critique d'une laïcité trop rationaliste.
      • 3. Quelle coopération entre foi et raison ? - Quelle foi et quelle religion ? - La lignée de Kant.
      • 4. Religion, raison dialogique, espace public selon une laïcité non laïciste.
      • 5. Multiculturalisme et interculturalité. - Une distinction oubliée.
      • 6. Équivoques et limites de la métathéologie libérale habermassienne. - Le réalisme du cardinal et la naïveté du philosophe. - Quelle laïcité ? Religions et doctrines du bien commun. - Espace public, religions universelles et politique des puissances d'agir et de penser. Religions et multiculturalisme, encore. - Pour une politique de la multitude qui soit expressive de la puissance d'agir.
      • Chapitre 3.
        L'héritage critique des hérésies égalitaires
        L'éthique de la libération d'Enrique Dussel87
      • 1. La question du rapport social et de l'institution selon la phénoménologie. - Un bout de chemin avec la critique de Vincent Descombes ; intersubjectivité et esprit objectif.
      • 2. Sur l'institution et le risque de sa fétichisation dans l'analyse de Vincent Descombes.
      • 3. Enrique Dussel, moment 1. - La transformation de la phénoménologie en éthique de la libération. - Avec Emmanuel Levinas, Autrui comme l'Autre de l'intersubjectivité.
      • 4. Enrique Dussel, moment 2. - Le présupposé de l'interpellation : au-delà de Lévinas. Corporéité matérielle et raison pratique pré-originaire. - Les jugements pratiques et la corporéité matérielle. - Un peu d'architectonique.
      • 5. Enrique Dussel, moment 3. - La redéfinition de la raison pratique matérielle à partir de la négativité des victimes.
      • 6. Enrique Dussel, moment 4. - L'organisation de la communauté des victimes selon la prescription d'une raison discursive formelle. - De la victime à l'acteur.
      • 7. Enrique Dussel, moment 5. - La raison stratégico-instrumentale et sa transformation critique. - La formulation du Principe Libération et l'émergence d'une Totalité sociale nouvelle.
      • 8. Force et limites d'une pensée singulière. - Interpellation de l'Autre et idéologie. - Quelle théorie de la rationalité ?
      • Deuxième partie
        Civilisations, cultures, conflits du pluriculturel à l'interculturel
      • Chapitre 4.
        Le choc des civilisations et la barbarie du non-monde globalisé139
      • 1. Pour une sémantique historique de l'opposition asymétrique du couple civilisation/barbarie. - L'apport de Roger Pol Droit. - Etre barbare selon les grecs. - Le déplacement romain et l'invention du couple humanitas/feritas. - La réinvention chrétienne de l'humanité coupable et la nouvelle barbarie (hérésie, impiété, infidélité et violence). - La dualité des modernes : le barbare, le sauvage et le civilisé (Ferguson). - Critique de la notion de civilisation.
      • 2. Barbarie et mondialisation capitaliste. - L'intériorisation de la barbarie à la civilisation : exploitation du travail, colonialisme et impérialisme. - Les thèses de Walter Benjamin. - La barbarie dans les révolutions. - Ce que peut et ne peut l'explication économiste. - La surdétermination culturelle dans la barbarie intérieure de la mondialisation.
      • 3. Idéologie de l'empire et barbarie. - Les analyses de Domenico Losurdo. - Du terrorisme et des terroristes. - De l'anti-américanisme et de l'anti-occidentalisme. - Des fondamentalismes dans le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme sioniste, l'islamisme. - De l'islamophobie et de la critique de la raison en Islam. - Vers une mythologie néo-aryenne et vers la guerre des civilisations ? - Critique des thèses de Samuel P. Huntington.
      • 4. En quoi l'Occident peut-il se définir comme La Civilisation ?
      • Chapitre 5.
        L'Universel et le défi du pluriculturalisme. De l'interculturel177
      • 1. L'histoire brisée des droits de l'homme. - De l'universalisation des droits à leur dégénérescence. - L'universel et son entrée en positivité historique.
      • 2. L'universel dans les disjonctions de la mondialisation culturelle. - L'apport d'Arjun Appadurai : critique de la conception « primordialiste » de la culture et théorie des paysages-scénarios (scapes). - Ideoscapes et ethnoscapes.
      • 3. La production des ethnicités comme flux global disjonctif. - Majorités prédatrices et minorités stigmatisées.
      • 4. L'universel de l'espace public et sa division face au défi des ethnoscapes.
      • 5. Les scénarios possibles. - Du multiculturalisme et de ses évidences apparentes. - Le scénario catastrophiste de la démocratie ethnicisée. - Le scénario du libéralisme démocratique (le patriotisme constitutionnel de Jürgen Habermas). - Le scénario du multiculturalisme libéral (Charles Taylor, Will Kymlicka).
      • 6. Déconstruction du concept de culture et d'identité culturelle. - Les Cultural Studies (Raymond Williams). - Le multiculturalisme comme simple notion descriptive.
      • 7. La fonction du migrant et la mise en mouvement de l'identité culturelle selon Alessandro Del Lago.
      • 8. Le recours : un espace public interculturel. - Du multi à l'inter-culturel. - De nouveau : le Tiers rationnel et la critique des Tiers symboliques invoqués dans les conflits d'identité. - De l'historicité des communautés d'appartenance.
      • 9. Metis, ou la sagesse du métissage. - L'hybridation des cultures devenues des ressources.
      • Chapitre 6.
        Mettre terme à la guerre infinie du monde fini223
      • 1. Le carré de la guerre infinie. - La guerre comme guerre globale impériale. Les analyses de Danilo Zolo. - Les aspects du globalisme : systémique, normatif, stratégique, idéologique.
      • 2. Les états de guerre et la violence extrême des massacres et des génocides identitaires. - L'universalisation des haines. - La question de la civilité et la réflexion d'Etienne Balibar.
      • 3. La question de la guerre sociale. - La soumission réelle du travail sous le capital. - Les hésitations de Marx et des marxismes du XXe siècle, Lénine et Gramsci. - Sur la possibilité d'une hégémonie sans guerre ouverte. - Le maintien du continuum de la contre violence : discussion des thèses de Balibar.
      • 4. La vie quotidienne et sa brutalisation dans le non monde. - Un processus de dé-civilisation et de dé-démocratisation. - La montée des dispositifs de sécurité et de surveillance pour la conduite de la guerre civile préventive.
      • 5. Quelles propositions pour sortir de la guerre infinie destructrice à terme d'un monde fini ? - Une réinvention de l'antimilitarisme et une démocratisation des rapports internationaux. - Une réduction des états de guerre et des violences génocidaires par le moyen de politiques coordonnées d'égalité sociale. - Une reprise et une intensification des luttes de classes et du conflit social existentiel contre la soumission réelle. - Une pacification civile de la vie quotidienne.
      • 6. Sur la non violence. - Légitimation politique des luttes non violentes et ambiguïtés de la non-violence de principe. - L'exemple et l'expérience de Gandhi et du pasteur Dietrich Bonhöffer. - Dépasser l'opposition entre éthique de la conviction et éthique de la responsabilité.
      • Conclusion
      • Du non-monde au Chaos du Monde-Eclats267
      • Bibliographie275
      • Table des matières281

  • Consultable à la Bpi