La connivence entre la femme et la parole a toujours été reconnue, et l’écriture féminine paraît également marquée par une grande présence de l’oralité. Dans le roman, le discours prime souvent sur le récit, et l’abondance des dialogues instaure également une interaction avec le lecteur, finalisée à un changement des mentalités. Werewere Liking, artiste polyvalente, enrichit ces mécanismes, et les acquis du féminisme, en les inscrivant dans une tradition multiséculaire. Elle crée des chants-romans, où ritualisme et modernité, abondance de dialogues et discours poétisé viennent redonner voix aux lignées de femmes dont le silence engendre l’Afrique contemporaine. L’analyse de La Mémoire amputée, chant-roman publié en 2004, illustre comment la réception plurielle des modalités africaines et occidentales permet l’exploitation d’une oralité riche et originale, entre lyrisme et péroraison, tradition et transformation des codes tant esthétiques que sociaux.