En août 1794, l’apparition de placards à Santafé de Bogotá puis la découverte d’une traduction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 suscitèrent la « sourde rumeur » d’une conspiration étendue à la vice-royauté de Nouvelle-Grenade. Les juges de l’Audience y virent la preuve que la rancœur accumulée depuis la révolte du « Commun », en 1781, servait de caisse de résonance à la séduction exercée par les « nouvelles de France ». Les placards de Carthagène, les « petits drapeaux rouges » de Quito et les pasquins de Cuenca renforcèrent cette inquiétude. Aussi, le vice-roi Ezpeleta, soucieux d’écarter la suspicion d’avoir introduit le venin des idées françaises, dut-il se résoudre à prononcer le divorce, déjà consommé à Madrid, entre l’absolutisme et « l’esprit éclairé ». La discrète indulgence du vice-roi à l’égard des publicistes Eugenio Espejo et Antonio Nariño indique pourtant qu’il continua d’honorer « l’amitié » entre hommes de bien qui les liait depuis 1789.