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Les couacs de Phèdre : quand les grenouilles coassent

dans ENS Éditions

Auteur(s) : Cusset, Sara

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2021-03-02T01:00:00Z
  • Notes
    • Toute traduction tend à une appropriation du texte traduit par la langue d’arrivée. C’est le postulat de départ de cet article qui tente de dégager les phénomènes de latinisation de la fable ésopique dans la traduction qu’en donne Phèdre (I, 2), notamment par rapport aux critères esthétiques d’Horace qui prédominent dans la poésie du Ier siècle après J.‑C. Or, Phèdre joue avec cette appropriation du modèle, dans la mesure où il choisit de mettre en scène Ésope comme narrateur de cette fable, dans un cadre d’énonciation grec. Le fabuliste latin peut de fait d’autant plus aisément détourner le matériau ésopique qu’il est très familier du lecteur romain, ce qui lui permet de laisser place à l’implicite et à l’ambiguïté dans sa traduction. Néanmoins, ce détournement du modèle ésopique n’est pas gratuit : il s’agit pour Phèdre de fonder le genre latin de la fable. D’où l’emploi d’épithètes fabulaires qui contribuent à uniformiser le bestiaire ésopique en un système cohérent, notamment pour ce qui est de la symbolique de la grenouille, incarnation à la fois de l’inconséquence du peuple et de l’impudence des faibles. Cette dimension symbolique, inhérente à la fable et qui lui permet de véhiculer la sagesse populaire, est teintée chez Phèdre de tonalité satirique laissant au lecteur une responsabilité interprétative. Or, la satire est un élément constitutif du genre jusqu’à La Fontaine, ce qui conduit à dire que, s’il emprunte sa matière à Ésope, Phèdre n’en fonde pas moins le genre moderne de la fable.
  • Langues
    • Français
  • Sujet(s)
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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