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Prise en otage des victimes et usages publics de l’histoire : le cas de la Résistance italienne

dans TELEMME - UMR 6570


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2006-09-01T02:00:00Z
  • Notes
    • Depuis quelques années, l’antifascisme en général et la période de la Résistance italienne en particulier sont au centre d’un débat virulent tant historiographique que politique. Certains courants visent à mettre en cause les fondements mêmes de l’engagement antifasciste dans les années 1940 en fonction, d’une part du caractère identitaire et de légitimation politique que l’antifascisme a acquis dans les gouvernements italiens d’après-guerre et d’autre part d’une analyse plus générale qui se réduit au rapport entretenu par l’antifascisme « organisé » au régime soviétique. Comme le relevait récemment Pier Giorgio Zunino, non sans agacement, « l’antifascisme… voilà l’infâme de l’histoire italienne ». Le refus de l’antifascisme se fait donc au nom de l’anticommunisme (les nombreuses déclarations publiques de Silvio Berlusconi en donnent un éclairage sur le terrain politique contingent). Le biais implicite de ce positionnement, déjà mis en exergue par Norberto Bobbio, est celui de placer de fait fascisme et antifascisme sur un pied d’équivalence. La lecture contemporaine de la guerre de résistance, analysée en fonction et au nom des violences qu’elle a engendrées, renforce les discours sur cette équivalence supposée. En somme au nom d’une indistinction présumée des victimes – toutes sacrifiées sur l’autel d’idéologies mortifères (tant l’idéologie fasciste, que l’idéologie communiste) –, les analyses actuelles de la Résistance italienne éludent les problèmes fondamentaux liés au rôle de la violence dans l’histoire. Elles font ainsi l’impasse sur les implications de l’engagement dans l’un ou l’autre des camps en présence tant en termes d’imaginaire sociopolitique, d’éthique, d’objectifs, de vision du monde. Mais plus grave encore, elles prennent en otage tous les morts de la guerre civile et finissent par accréditer un discours dénégateur de leur statut de victimes. A travers une analyse de l’usage public de l’expérience de la Résistance italienne, cette contribution vise à revenir sur la place, le rôle et la fonction attribuée actuellement à la notion de victime dans l’histoire des guerres du XXe siècle.
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