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The “Great Meme War:” the Alt-Right and its Multifarious Enemies

dans Société des Anglicistes de l'Enseignement Supérieur

Auteur(s) : Dafaure, Maxime

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2020-07-16T02:00:00Z
  • Notes
    • Dans cet article, je traite de la façon dont l’alt-right a su remettre au goût du jour des doctrines traditionnelles de l’extrême-droite réactionnaire, xénophobe, et bien souvent raciste, comme a pu le démontrer George Hawley, ainsi que la manière dont ces principes ont été présentés comme nouveaux, provocateurs, et réactualisés à l’aune de la société américaine et de l’environnement digital contemporains. Pour ce faire, j’affirme que les membres de l’alt-right ont largement compté sur la création, et parfois la réappropriation d’images ennemies, avec pour objectifs ultimes de provoquer l’indignation, d’instiller peur et/ou haine de certains groupes spécifiques, de renforcer le sentiment d’appartenance dans leur propre communauté, ou plus largement de manipuler les perceptions et représentations collectives, d’abord en ligne, puis dans la réalité. L’élection de Donald Trump a été saluée par l’alt-right comme l’un de ses principaux succès. A l’aide d’ironie, de subversion, et d’images et messages souvent méticuleusement construits, l’alt-right se vante d’avoir fait élire le candidat républicain grâce aux mèmes, l’arme de prédilection dans les guerres culturelles en ligne. Cet article analyse les répercussions dans le monde réel de telles pratiques rhétoriques antagonistes, notablement à travers des exemples récents de terrorisme domestique d’extrême-droite aux Etats-Unis, et à une réflexion sur leur place dans une ère souvent qualifiée de post-vérité, faite de « fake news » et de faits alternatifs. Cet article s’intéresse alors plusieurs images ennemies. La première est celle de l’ennemi civilisationnel venu de l’extérieur, qui repose sur l’usage de processus traditionnels d’altérité. Ce thème est lié à la campagne de Trump et à ses attaques contre deux ennemis majeurs des Etats-Unis, les hispaniques et les musulmans. Avec l’alt-right, les refugiés deviennent ainsi des « rapefugees » (i.e. des violeurs déguisés en réfugiés), une formulation destinée à attiser une islamophobie grandissante en Amérique et en Europe. La deuxième image ennemie créée par l’alt-right est constituée de ses ennemis idéologiques. La fonction de cette image ennemie est de discréditer les opposants idéologiques et leurs vues (avec des mots-valises tels que « cuckservative », « feminazi », ou le sarcastique « Social Justice Warrior ».) La troisième image ennemie établit un lien entre les deux premières. Elle dépeint ce que j’appellerais l’ennemi de l’intérieur, une menace récurrente aux idéologies d’extrême-droite. En effet, le marxisme culturel, une théorie du complot répandue dans les cercles de l’alt-right, serait la force se cachant derrière le « déclin » de la civilisation occidentale. D’après cette vision du monde, les antagonistes idéologiques participant à un complot délibéré contre l’Ouest et ses valeurs. Les attaques récurrentes contre un supposé biais « gauchiste » des médias et du monde universitaire font partie de cette théorie conspirationniste, et ont contribué à sa diffusion. Elle épouse également des éléments d’antisémitisme, ainsi que des vues anti-communistes traditionnelles, qui ne sont pas sans rappeler les Peurs rouges historiques. Une telle théorie fournit donc à ses partisans un récit bien établi censé démystifier la complexité du monde, ainsi que des ennemis communs contre lesquels se rallier, et construit ainsi une forme d’intersectionnalité entre différents groupes marginaux présents en ligne.
  • Langues
    • Anglais
  • Sujet(s)
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
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