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Gouverner les hommes : généalogie de la violence chez Ibn Khaldûn

dans ENS Éditions


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2022-08-18T02:00:00Z
  • Notes
    • Ibn Khaldûn a souvent été présenté comme un précurseur du matérialisme historique : le Machiavel ou le Marx arabe du XIVe siècle. Matérialiste, il l’est indéniablement dans sa méthodologie : l’origine du pouvoir est pensée à partir de la nécessité de contraindre les hommes à coopérer pour qu’ils puissent se reproduire dans leur existence matérielle. Mais à partir de son étude anthropologique des sociétés tribales et des sociétés étatiques, il a développé une analyse originale du pouvoir et de son corollaire : la violence. Le politique peut se concevoir, à partir de l’œuvre d’Ibn Khaldûn (de sa Muqaddima en particulier), comme l’organisation et la coordination de la violence. Celle-ci est vectrice d’unité sociale grâce à l’esprit de corps dans les sociétés tribales en étant dirigée vers l’extérieur : l’attaque des tribus ennemies et la défense de la communauté. Dans les sociétés étatiques, l’affaiblissement de l’esprit de corps nécessite l’établissement d’une autorité politique (wazi’), qui dirige la violence vers l’intérieur comme régulation de l’agressivité naturelle. Loin d’être la négation du politique, la violence est consubstantielle au politique : elle est la condition de possibilité de la préservation d’une totalité et d’une unité sociales. Lorsqu’un groupe social perd sa capacité de violence, la communauté s’effondre, à l’image de la ville de Damas ravagée par les troupes de Tamerlan sous les yeux impuissants du philosophe.
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    • Français
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