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Le Polar a le vin triste

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  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2021-05-31T02:00:00Z
  • Notes
    • Pourquoi le polar a-t-il majoritairement fait le choix de l’alcool qui dérègle les sens plutôt que celui du vin qui les exalte ? En France, l’alcool est un rituel social, représenté comme tel dans une littérature dite réaliste comme le polar. Ce sont les « petits blancs » du commissaire Maigret à l’heure du café matinal dans de nombreux romans de Simenon. Il existe aussi une littérature régionaliste abondante où officient entre deux chais des détectives œnologues trop centrés sur leurs vignobles et son apologie. Mais, dans le roman noir, le vin est rarement célébré comme un plaisir et rares sont les enquêteurs épicuriens à l’image de Fabio Montale, le privé de Jean-Claude Izzo, qui sait marier plats et vins. Avec le Néo-polar, sous-genre littéraire né des idées de 1968 portant une critique sociale forte, l’alcool fait des ravages dans une société qui décroche. Les vins de pays laissent la place aux alcools forts, aux whiskies ordinaires, aux mauvais cognacs, et aux flots de bière. Pour les personnages d’Hervé Jaouen, de Boileau-Narcejac ou de Georges J. Arnaud, c’est la double peine : à la déchéance éthylique s’ajoutent l’effacement des repères sociaux, la perte des valeurs morales et, le plus souvent, le passage à l’acte criminel, bref c’est l’enfer. Décidément, quand ses personnages boivent, le polar a vraiment le vin triste.
  • Langues
    • Français
  • Sujet(s)
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/
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