Cet article propose une brève analyse du sens et des connotations des trois qualificatifs apposés en 1525 par l’Inquisition de Tolède aux nouveaux hérétiques castillans, les fameux « alumbrados », également nommés « dexados » et « perfectos ». Dans un souci d’exhaustivité, il conviendra d’ajouter à cette étude taxinomique de l’illuminisme castillan le nom de « recogidos », ceux-ci étant cités dans de nombreux témoignages comme des spirituels directement impliqués dans l’affaire. Confrontant les documents inquisitoriaux – Édit de Tolède, résumés des procès – aux plaidoyers des accusés lors de leurs procès et à quelques ouvrages spirituels contemporains majeurs, nous tenterons de remettre ces termes en perspective, et de souligner le décalage existant entre la façon dont se désignaient eux-mêmes les spirituels et le nom qui leur a été imposé, ouvrant ainsi une réflexion sur le processus de fabrication de l’hérésie à partir des différents noms attribués aux hérétiques.