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Les récits de métamorphoses du corps dans la nouvelle fantastique allemande du début du xxe siècle

dans Presses Universitaires de Provence


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  • Date
    • 2020-05-29T02:00:00Z
  • Notes
    • Au sein du corpus constitué par les nouvelles fantastiques allemandes du début du xxe siècle (très largement portées par l’éditeur munichois Langen-Müller), nous isolons les récits de métamorphose, que nous entendons comme des récits qui racontent une transformation de tout ou partie du corps humain si considérable que l’être dont il s’agit n’est plus reconnaissable en tant que tel, au point d’appartenir à un autre « règne » (animalisation, végétalisation, minéralisation, réification).La métamorphose est un thème privilégié du conte merveilleux et, aujourd’hui, de la science-fiction. A-t-il une affinité particulière avec le fantastique ? Si l’on considère que l’élément constitutif du récit fantastique est la mise en scène d’une « intranquillité » (Verunsicherung) rapportée au caractère inexplicable, selon les normes en vigueur du vraisemblable, de l’événement narré et/ou au caractère scandaleux de celui-ci selon les valeurs culturelles communément partagées, le thème de la métamorphose apparaît a priori comme particulièrement fécond, dans la mesure où il peut en principe jouer sur les deux registres. Cette plasticité ouvre diverses nuances, depuis le fantastique-étrange (selon que le récit accentue prioritairement l’entorse aux règles de la crédibilité que représente l’événement) jusqu’au fantastique-terrifiant (selon qu’il privilégie l’outrage que représente celui-ci par rapport aux valeurs culturelles attachées à l’intégrité, à l’identité de la personne humaine).Au sein de notre corpus se dégage un premier ensemble, qui réunit les récits où la métamorphose apparaît comme le fruit d’une manipulation de la chair. L’intérêt n’est pas tant ici focalisé sur la chirurgie employée que sur la motivation de la figure satanique agent de la métamorphose.Une autre catégorie rassemble les récits où la métamorphose résulte d’un processus « magique », soit impersonnel (œuvre de la Nature, d’une malédiction), soit incarné par un personnage doué de pouvoirs supérieurs (sorciers, magiciens, femmes fatales, etc.). Tout dépend ici du sens à donner à la culpabilité dont la métamorphose est le fruit et qui peut faire d’elle soit un châtiment, soit un accomplissement.Un dernier type de récit mérite d’être distingué, qualifié souvent par les auteurs eux-mêmes de « grotesque », où la métamorphose, affranchie de toutes les conventions du vraisemblable, fournit le prétexte d’une satire plus ou moins burlesque, celle-ci pouvant relever de visions du monde radicalement différentes.La métamorphose apparaît bien ainsi comme un thème récurrent de la nouvelle fantastique allemande du début du XXe siècle, qu’elle investit dans toutes ses variations pour promouvoir, en réaction et « à rebours » des mièvreries post-naturalistes, une littérature qui se veut en son principe à la fois esthétisante, spiritualiste et subversive, mais qui succombe parfois chez certains au risque de trivialisation et de dévoiement idéologique.
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