La « Grande Roumanie », issue de la Première Guerre mondiale, a fait de son mieux pour s’intégrer à un système défensif régional, aux côtés des pays qui étaient satisfaits de l’ordre créé à Versailles. L’élément central de cet édifice était la relation avec la France, qui devrait offrir, en principe, de fortes garanties politiques et militaires, à côté de la Grande Bretagne, si possible, afin d’empêcher les États révisionnistes d’apporter des modifications aux nouvelles frontières. La Société des Nations, sans les États-Unis, s’est montrée incapable de préserver les frontières et la paix. Mais l’impuissance de Paris et Londres à faire cesser les menées des deux grands acteurs révisionnistes du système (l’Allemagne nazie et l’URSS), associée à la difficulté des pays d’Europe centrale-orientale à dépasser leurs contentieux territoriaux, leurs nationalismes frustrés, en vue de constituer un front commun contre les pays totalitaires, ont sapé le fondement de cette politique pro-versaillaise de la Roumanie. Celle-ci a perdu certains territoires, a changé d’alliance au bénéfice des États de l’Axe, a participé avec eux à la Seconde Guerre mondiale (en changeant de nouveau l’alliance en 1944) et pour finir elle est tombée dans la sphère d’influence de l’URSS pour une longue période.