Le système graphique japonais fut la cible de critiques et l’objet de réformes durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Afin de mettre sur pied un système éducatif cohérent, certains, comme Mori Arinori, suggérèrent d’adopter l’anglais ; d’autres, comme Nanmu Yoshikazu, proposèrent l’adoption de l’alphabet latin et la suppression des caractères chinois. Cet article montre que, contrairement à l’image selon laquelle tout aurait basculé en quelques années au Japon autour de la Restauration de Meiji (1868), depuis les débats de la fin de l’époque d’Edo, il aura fallu plus de quarante ans pour qu’apparaisse une langue japonaise dégagée de l’emprise du chinois sans pour autant être anéantie et métamorphosée en anglais, et pour qu’émerge les premières fondations d’une langue nationale (kokugo).