En opérant plusieurs décalages de la focale d’observation (du seul MLF à la diversité des mobilisations féministes, de Paris à d’autres villes, de la théorie à la pratique), cet article propose une analyse sociohistorique des pratiques militantes de la mixité et de la non-mixité féministes dans les années 1968. Cette perspective permet de montrer que loin d’être une évidence pratiquée et partagée par toutes dès les premiers instants du mouvement, la non-mixité se construit progressivement comme une norme : après une période d’acclimatation et d’apprentissage (1970-1975), elle s’impose et se généralise, au gré des expériences militantes, dans la deuxième moitié de la décennie 1970. En replaçant les pratiques au cœur de l’analyse, cet article invite ainsi à comprendre le processus historique de construction de la non-mixité en symbole des féminismes des années 1968.