• Aide
  • Eurêkoi Eurêkoi

Article

‘What a perennial delight is in hearing the French language spoken!’: Class, Language and Taste in the Maison de Molière’s French Performances in London (1871–1893)

dans Presses universitaires de la Méditerranée


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2017-12-04T01:00:00Z
  • Notes
    • En 1879, le critique de théâtre Augustin Filon déclara à propos de la seconde visite à Londres de la compagnie française cette année-là, « les voyages de la Comédie-Française sont regardés en Angleterre comme des dates ». En accueillant la troupe, le célèbre comédien Henry Irving loua le succès des acteurs français, tels que Got, Mounet-Sully, Coquelin aîné et cadet, et Sarah Bernhardt sur la scène du Gaiety Theatre à Londres. Leur interprétation dans leur langue maternelle dévoilait une magnificence esthétique qui avait clairement captivé un public essentiellement anglophone : « les images qu’ils suscitaient allaient droit au cœur et n’avaient besoin d’aucune langue pour ceux d’entre nous qui ne maîtrisaient pas le français », déclara Irving. En effet, les représentations en version originale étaient assurées de recueillir les acclamations des critiques. L’acteur et metteur en scène britannique Sir Herbert Beerbohm Tree serait également intervenu pour faire l’éloge de la prosodie de la langue de Molière, la comparant à la tradition britannique de la manière suivante : « Quel éternel plaisir que d’entendre parler français […] Comme en comparaison l’anglais semble un vieil instrument lourd ! » De par leur puissant art oratoire et leur élocution sur scène, les Français, conclut-il, étaient « une race naturellement expressive ». Cette étude vise à analyser l’impact de la Comédie-Française dans l’Angleterre victorienne, à travers les représentations à Londres de la compagnie en 1871, 1879 et 1893. Bien que leur répertoire (qui incluait des pièces de Molière, Racine, Corneille, Alfred de Musset, Alexandre Dumas fils, et Émile Augier) fût entièrement joué en français, les comédiens furent autant acclamés par le public qu’ils furent loués par leurs pairs britanniques, pour qui ils représentaient la fine fleur de l’art. À travers l’étude de revues et d’impressions publiées par un éventail de professionnels, ainsi que par les principaux critiques de théâtre de l’époque, des dramaturges, des comédiens et des aficionados, la recherche porte sur les implications sociologiques, politiques et esthétiques associées à la ferme présence de la langue française et des pièces canoniques françaises dans le Londres de la fin de l’époque victorienne. Les réponses des professionnels du théâtre abordent inéluctablement le thème du grand art en demandant implicitement laquelle de ces deux traditions théâtrales reflétait ou recréait le mieux, à travers le langage, de tels standards culturels : Comment une langue est-elle interprétée de sorte à répondre à la fois aux conventions théâtrales et aux attentes liées au sentiment national ? Dans quelle mesure la phonétique et la prosodie françaises étaient-elles considérées comme des références socioculturelles uniquement accessibles à un public d’élite ? Lord Chamberlain soumit-il les pièces en français aux mêmes procédures de censure et à la même vigilance que celles qui étaient jouées en anglais ? En posant ces questions et d’autres en rapport, ce travail montre que le débat sur la supériorité du français ou de l’anglais en tant que langage théâtral est inévitablement lié à la question toujours fluctuante de « la britannicité ». Le théâtre étant un pilier de l’identité nationale (tout en étant un outil indispensable de questionnement de l’ordre et des structures politiques), la rivalité traditionnelle entre la culture française et la culture britannique n’aurait pu trouver meilleur cadre que la scène londonienne pour se disputer l’excellence esthétique et rhétorique.
  • Langues
    • Anglais
  • Sujet(s)
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
  • Résultat de :