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Les frontières de l’inacceptable. Pour un réexamen de l’histoire de l’incrédulité

dans Grihl / CRH - EHESS


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  • Date
    • 2014-11-17T01:00:00Z
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    • L’article se propose de réexaminer l’histoire des énoncés de l’incrédulité et de l’irréligion dans la tradition chrétienne. A partir du constant de leur présence dans la longue durée, on s’interroge sur les raisons qui conduisent l’historiographie contemporaine à en minimiser l’importance, voire à en nier carrément l’existence. On est alors amené à esquisser une critique des formes d’histoire qui décident par un raisonnement nécessairement a priori des limites du pensable, du dicible et du représentable à une époque déterminée. C’est tout particulièrement le cas de l’histoire des mentalités, qui continue à dominer la réflexion en la matière, dans le sillage de l’ouvrage de Lucien Febvre sur la prétendue incrédulité de Rabelais. On passe alors brièvement en revue quelques alternatives méthodologiques permettant d’engager cette histoire : l’approche anthropologique qui affronte directement la question psychologique de la croyance et de l’incroyance telle que développe Jean-Pierre Albert en se référant à l’anthropologie cognitive et une approche relevant plutôt de l’histoire des idées qui se focalise sur les transformations des conceptions de la croyance, et donc de l’incroyance qui lui est inséparable, entre l’époque médiévale et l’époque moderne (Jean Wirth, Alain Mothu…). On propose alors une troisième approche, qui se veut complémentaire des précédentes et qui repose sur les notions, dérivée de la sociolinguistique et de la sociologie, d’acceptabilité et d’inacceptabilité. Ces notions ne sont pas envisagées pour leur contenu psychologique, qu’il ne s’agit pas de méconnaître, mais pour leur intérêt dans une analyse de type pragmatique ; c’est la sanction des faits, qui décide de l’acceptabilité ou de l’inacceptabilité des énoncés de l’irréligion, et seule la description circonstanciée des contextes déterminés en voie de transformation constante permet de rendre compte, au cas par cas, de ce qu’il est acceptable ou non de dire et de faire. Pour les sociétés chrétiennes considérés dans la longue durée, le clivage public/ privé joue un rôle déterminant : on s’intéresse ainsi à l’opposition structurelle et mouvante entre les énoncés publics acceptables et inacceptables dans la sphère publique, en relation avec ce qui peut être éventuellement toléré et accepté en certains autres lieux, privés ou semi-publics. Les sources sont nombreuses qui permettent de mettre en évidence ces espaces d’acceptabilité restreinte pour les énoncés irréligieux, proscrits et très durement réprimés dans la sphère publique. L’article se termine par un plaidoyer pour l’histoire modeste et positive des frontières changeantes de l’acceptable et de l’inacceptable dans tous les domaines de l’action humaine.
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