Cet article s’intéresse à la construction du collectif théâtral par l’écrit à partir du cas du « trio » de l’Hôtel de Bourgogne, soit de trois comédiens (Gros Guillaume, Gaultier-Garguille et Turlupin) devenus l’incarnation de la farce française du début du xviiᵉ siècle aux yeux de l’histoire théâtrale. Distincte de la troupe comme configuration sociale, l’image du « trio » s’instaure à travers divers écrits littéraires qui particularisent ces acteurs comiques de leur vivant et, surtout, au moment de leur mort. Les publications concernant le « trio » se sont effectivement multipliées après le décès de Gaultier-Garguille, fin 1633, si bien que l’avènement du groupe s’avère lié à un effet de génération et à un geste de commémoration. Ce cas permet ainsi de réfléchir à l’articulation du singulier et du collectif en étudiant la façon dont s’instaure le succès d’un petit groupe par l’imprimé et certains mécanismes du vedettariat.