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Enquêter sur la reconnaissance des sensibilités athées en Turquie contemporaine

dans EJTS

Auteur(s) : Malçok, Théo

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2022-06-21T02:00:00Z
  • Notes
    • Souvent réduite à une fonction d’indicateur de l’évolution des religiosités, la présence de l’athéisme dans la société turque a rarement fait l’objet d’études détaillant les modalités concrètes de ses manifestations. Le présent article propose de relever ce défi en partant du constat que la variation du degré d’exposition des sensibilités athées est façonnée par une dynamique séculaire opposant la continuité d’un déni à des tentatives de reconnaissance des exclus de l’assignation confessionnelle majoritaire. En s’appuyant sur l’armature théorique des figures sociologiques de la reconnaissance (objective, de soi, mutuelle), trois logiques sociales sont identifiées à partir d’une enquête de terrain auprès d’un éventail d’individus : sceptiques, incroyants, athées à-peu-près… La première logique est l’issue, toujours incertaine, de l’épreuve du regard normatif : situation problématique, qui peut se répéter quotidiennement, du soupçon ou de l’accusation d’apostasie, contournés, négociés ou confrontés. Les signes extérieurs des sensibilités athées sont donc labiles dans la mesure où ils se dé-jouent dans la performance de soi. Dans un deuxième mouvement biographique, la découverte ex post facto des signes intérieurs d’une sensibilité athée se réalise sur fond d’une prise de conscience d’un illettrisme religieux pour certains, attribut de classe les distinguant de la masse des croyants, ou dans le clivage qu’induit une mobilité sociale fantasmée ou effectuée, pour une partie de l’échantillon issue d’un milieu pieux. L’amplitude d’une reconnaissance mutuelle basée sur le dénominateur commun d’une sensibilité athée sera analysée dans un troisième temps comme dépendant largement des aspirations d’un mouvement associatif émergent. Porté notamment par l’Association de l’Athéisme (Ateizm Derneği), fondée en 2014, ce mouvement transforme un sentiment d’ostracisation, c’est-à-dire de déni de reconnaissance, ressenti par une partie des sans-Dieu et des sans religion, en motif de lutte. Malgré les moyens matériels, humains et symboliques mis en place, l’association semble condamnée à la marginalité dans la mesure où ses potentiels adhérents bénéficient de réseaux de resocialisation concurrents.
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