Quel rapport le cinéma entretient-il avec la pensée ? C’est au travers de la métaphore du « film-cerveau » proposée par Gilles Deleuze que nous envisageons cette question sous trois aspects : celui de la pensée en acte du cinéaste qui déploie une armature conceptuelle qui enveloppe et circonscrit le développement du récit sans que, cependant, celui-ci lui soit totalement inféodé ; le deuxième aspect est celui du monde fictionnel envisagé comme monde-cerveau peuplé de figures – monolithe, labyrinthe, huis clos… – où se cristallise la relation entre espace mental et espace physique ; enfin, la corporéité du film-cerveau s’affirme dans la relation entre l’œil et le cerveau quand le cinéma de Kubrick donne à voir des univers mentaux obsessionnels et traumatiques et souligne en même temps les limites de cette exploration psychique. Ce parcours dans le labyrinthe du film-cerveau sera mené au travers d’une période particulièrement dense de la création kubrickienne, allant de 2001 (1968) à Shining (1980).