La série de poèmes intitulée « Squarings » de Seamus Heaney, tirée de son recueil Seeing Things, parle de « la vertu d’un art qui connaît son esprit ». Cette série tente de découvrir l’esprit à la fois dans ses aspects immanents et transcendants par l’intermédiaire de l’art de la poésie. Dans cette série, Heaney écrit sur des questions relatives à l’esprit, sur le numineux et de la quête de transcendance. Les poèmes ont ce que l’on pourrait appeler une dimension religieuse sous-jacente et pourtant ils ne sont pas religieux. Si l’on reprend la formulation triadique de Jean-Luc Nancy, ils tiennent davantage de la poésie et de la philosophie que de la prière. Et pourtant cet article défend l’idée qu’ils sont également prière, mais une prière transformée – presque une nouvelle forme de prière séculière, qui reconnaît ce qui existe au-delà de l’expérience humaine, mais qui le fait à sa manière, sans aucune référence explicite aux règles et préceptes de l’Eglise catholique romaine, en véhiculant le symbolisme religieux comme une sorte d’insconscient culturel tout au long de la série de poèmes.