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Ajouts, omissions, substitutions : la main fautive des copistes dans le texte de L’Éducation sentimentale

dans Institut des textes & manuscrits modernes (ITEM)


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2009-01-19T01:00:00Z
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    • « Fini ! mon vieux ! Oui, mon bouquin est fini […] Je suis à ma table depuis hier, huit heures du matin. La tête me pète. N’importe, j’ai un fier poids de moins sur l’estomac ». On a reconnu le billet, resté célèbre, où Flaubert annonce à Jules Duplan la fin de son roman qu’il a mis près de cinq ans à rédiger. Or, le 16 mai 1869, date du billet, Flaubert n’en a pas tout à fait fini avec son « bouquin » comme le montre l’intense travail de relecture et de correction accompli pendant les mois qui vont suivre. Après avoir passé une bonne semaine à « recaler » son manuscrit (du 16 au 24 mai), il le donne à recopier et c’est cette « mise au propre », soigneusement calligraphiée, qui servira aux typographes compositeurs pour la fabrication des épreuves. C’est aussi cette copie que Flaubert communique à quelques proches notamment à Maxime Du Camp qui rédige à ce sujet douze pages d’observations…Et enfin, c’est sur cette copie que Flaubert compte bien revoir son texte « phrase par phrase » avec Louis Bouilhet. Mais Bouilhet meurt prématurément fin juillet et c’est seul que Flaubert effectue les dernières corrections du texte de L’Éducation sentimentale. La période de relecture et de correction de la copie dure une quinzaine de jours, au terme de laquelle, l’écrivain remet le manuscrit remanié à son éditeur (le 14 août 1869). La copie des copistes – nous avons pu relever près de quatre graphies différentes - n’a fait, à ce jour, l’objet d’aucune étude critique. Pourquoi ? Sans doute parce que l’activité même de « recopie » a toujours été considérée comme négligeable, anodine, ne pouvant révéler rien d’intéressant, le manuscrit des copistes n’étant en principe que la reproduction servile du Manuscrit définitif autographe… Or il n’en est rien, et ce manuscrit constitue bien un document de genèse irremplaçable, d’autant plus essentiel que l’on ne dispose pas des épreuves corrigées du roman. À côté des transformations de dernière minute voulues par Flaubert, cette copie contient de nombreuses erreurs dues à la négligence des scribes : des altérations du texte qui ont échappé à l’œil de l’écrivain et qui ont été reproduites dans les deux éditions de L’Éducation sentimentale publiées de son vivant (en 1869 et 1879). À partir d’exemples précis, on cherchera à montrer comment ces erreurs de tous ordres (ajouts, omissions, substitutions, déplacements…) ont pu, sur de nombreux points, modifier la lecture du texte de L’Éducation sentimentale. Quelles répercussions ces modifications « non auctoriales » ont-elles sur le sens ou sur l’interprétation du roman? Quels sont les réseaux de sens non voulus par l’auteur qui se sont trouvés induits abusivement par ces « fautes de lecture » ? À l’inverse, quelles sont les logiques significatives, construites par l’écrivain, dont ces lapsus calami nous privent ?
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