Au printemps 1989, alors que le Parti national-démocrate d’Allemagne fait son entrée à l’assemblée municipale de Francfort-sur-le-Main, les député·es des autres partis se trouvent confronté·es à un groupe parlementaire d’extrême droite dans lequel s’illustrent surtout deux femmes, Ursula Gerhold et Christine Ringmayer. Leur pratique politique à rebours, leur refus des conventions et leur désinvolture détonnent dans l’assemblée ; elles mettent à mal le jeu parlementaire en défiant systématiquement le consensus démocratique. Cet article éclaire la manière dont ces femmes mettent en scène leur anticonformisme – que ce soit par la défense de positions réactionnaires, une rhétorique outrancière ou un comportement volontairement inadapté – pour s’affirmer comme femmes, a fortiori comme femmes d’extrême droite dans une institution parlementaire qui tente par tous les moyens de les maintenir à la marge.