• Aide
  • Eurêkoi Eurêkoi

Article

Le cimetière intercommunal de la Fontaine Saint-Martin à Valenton, une réalisation oubliée de Robert Auzelle

dans Ministère de la Culture

Auteur(s) : Duhau, Isabelle

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2017-02-28T01:00:00Z
  • Notes
    • L’architecte français Robert Auzelle (1913-1983) est reconnu pour son travail d’urbaniste notamment mis en œuvre à partir des années 1950 dans le quartier de la Plaine à Clamart (Hauts-de-Seine). Il est également réputé comme spécialiste de l’architecture funéraire grâce à ses écrits et à la réalisation, à partir de 1946, du premier véritable cimetière paysager français du XXe siècle, toujours à Clamart. En revanche, ses autres nécropoles, telle celle de Valenton (Val-de-Marne) demeurent très peu connues. Dans cette ville du sud-est parisien, Auzelle déploie toutes ses idées pour réinventer le cimetière français, cimetière dans lequel il voudrait faire régner un esprit des lieux retrouvé, une harmonie propice au recueillement et à une forme de sacralité restaurée ; ce « cimetière paysager » proposerait la synthèse entre le « cimetière parc » américain, celui « forestier », de tradition germanique, et le « cimetière architectural » méditerranéen. L’architecte tente en outre d’y développer une approche renouvelée des sépultures elles-mêmes. Le projet, réalisé au début des années 1970, se conforme dans l’ensemble à ses dessins. Les interventions artistiques y occupent une place importante, Auzelle intégrant des sculptures monumentales commandées à des plasticiens qu’il choisit soigneusement – Pierre Székely (1923-2001) pour « Les ages de la vie » à l’entrée du cimetière et Pierre Sabatier (1925-2003) pour les paravents « l’arbre de vie » et « le cosmos » dans l’aire de cérémonie. Cependant, il échoue ici en grande partie dans sa volonté de renouveler l’art funéraire, ne réussissant pas à multiplier les tombes superposées en enfeus et à imposer – aux familles comme aux marbriers – ses dessins pour l’ensemble des sépultures. Aujourd’hui, le cimetière s’étend sur 32 hectares et dispose d’un crématorium (créé en 1986 dans l’étage semi-enterré du funérarium), d’espaces traditionnels d’inhumation (dont un israélite et un musulman), d’espaces paysagers d’inhumation, d’un ossuaire, d’un columbarium, d’enfeus et d’un site cinéraire (avec une rocaille de dispersion, des emplacements pour des cavurnes ou cavotins et un jardin des innocents). Malgré quelques modifications par rapport à son état d’origine, il demeure une œuvre d’Auzelle très préservée. Si certains carrés peuvent ressembler à un cimetière ordinaire, il suffit de s’en éloigner et de se diriger vers les espaces paysagers ou le columbarium pour mesurer tout l’intérêt du projet. Quarante ans après leur plantation, les parties boisées, bien entretenues, ont atteint leur maturité. Les bâtiments de service, ceux de la conservation et des commerces, l’aire de cérémonie n’ont subi aucune intervention irréversible. Ainsi, le cimetière intercommunal de Valenton n’attend plus qu’une meilleure reconnaissance, qui pourrait passer par une labellisation Patrimoine du XXe siècle, par exemple. Les vertus pédagogiques de cette distinction faciliteraient sans doute la compréhension des intentions d’Auzelle et aideraient à la gestion et à l’entretien de la nécropole. L’effet de dépouillement propice au recueillement que l’architecte rechercha est aujourd’hui effectivement critiqué par certains usagers, aspirant à des espaces moins sévères.
  • Langues
    • Français
  • Sujet(s)
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
  • Résultat de :