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Le passage des anciennes à de nouvelles Mille et Une Nuits au xve siècle

dans Presses universitaires de Vincennes


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  • Date
    • 2013-09-25T02:00:00Z
  • Notes
    • L’analyse historique du texte arabe des Contes des Mille et Une Nuits permet de comprendre la cohérence du recueil imprimé pour la première fois en Égypte, à Būlāq, en 1835. La collecte des contes de Būlāq a été réalisée dans un but moralisant, voire religieux, par un cheikh égyptien dont nous ignorons le nom, peu après 1750. L’historien peut replacer ces textes dans le temps en analysant les « indices contextuels ». Il est conduit à identifier ceux qui sont des contes médiévaux et d’époque mamelouke (44 % seulement du texte arabe imprimé), et à constater qu’une rupture dans les thèmes des contes a commencé en Égypte dans le premier quart du xve siècle : adjonction à de vieilles anecdotes sur les califes abbasides des ixe-xe siècles et leur cour, de contes faisant preuve de plus d’esprit critique (le « Sindbād le Marin » que nous connaissons), voire des interrogations plus graves sur les famines et les pestes. La rupture véritable se produit en Syrie affectée par les invasions mongoles (Tamerlan déporte à Samarkand de nombreux habitants de Damas en 1401), lorsqu’un auteur damascène écrit de « Nouvelles Mille et Une Nuits », sans doute entre 1421 et 1436. La famille abbasside (en particulier Harūn al-Rashīd) est tournée en ridicule ; les anecdotes purement historiques sont bannies ; l’auteur, qui apparaît comme un « moraliste », s’intéresse surtout à l’étude des caractères et des passions, sans référence à la loi islamique. Cette rupture coïncide avec un changement dans la production littéraire en Égypte, au moment où se consolide au Caire le régime politique des mamelouks « circassiens ». À partir du xvie siècle, les auteurs de contes se placeront dans la continuité formelle de l’auteur damascène du xve siècle, qui a fourni le modèle de « Mille et Une Nuits modernes », avant qu’au xviiie siècle une affirmation nouvelle du religieux et du « convenable » conduise à une rupture finale et à la moralisation des contes par celui qui a composé le recueil de Būlāq.
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