En 1951, l’Europe politique naît communautaire. Pendant une dizaine d’années, de nombreux projets d’associations sont évoqués, qui partagent tous la même inclination pour l’idée communautaire. Citons pêle-mêle la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA, 1951), la Communauté européenne de défense (CED, 1952-1954), la Communauté politique européenne (CPE, 1952-1954), la Communauté économique européenne (CEE, 1957), et la Politique agricole commune (PAC, 1962). Si l’Union européenne succède à l’ancienne Communauté au début des années 1990, il convient d’interroger les motifs qui ont mené à cette rupture sémantique. L’une des approches explicatives consiste à retracer la pré-histoire du concept de communauté afin de mesurer et de caractériser la manière dont celui-ci a pesé sur le processus d’intégration européenne. Cette pré-histoire correspond au moment « français » de la construction européenne et apparaît au travers de la relecture, par les intellectuels « non-conformistes » des années 1930, des « néo-romantiques » allemands. À partir de cette approche généalogique, nous aborderons les enjeux spécifiques que pose une approche communautaire de l’Europe, au travers notamment de son rapport à la démocratie.