Cet article analyse la notion de révolution au Rio de la Plata au moment même où celle-ci est en train de se produire. A travers le discours de ses principaux acteurs, il cherche à montrer que l’utilisation de la notion revêt d’emblée un caractère performatif : les différents événements sont inscrits dans une continuité qui confère un sens global à la période et ancre l’idée d’une « entrée dans l’histoire » du Nouveau Monde. En parallèle, le jugement porté sur les autres pays et notamment sur la restauration absolutiste en Europe permet de saisir les multiples nuances accolées à la notion. L’idéal d’une « révolution heureuse » est ainsi mis en évidence, comme point d’équilibre entre les excès du jacobinisme et ceux de l’absolutisme.