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Considérations ontogénétiques et phylogénétiques concernant l’origine de la parole


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  • Date
    • 2011-10-17T02:00:00Z
  • Notes
    • La fin du XXe et le tout début de ce siècle révèlent une véritable réarticulation des recherches dans le domaine de l’émergence de la parole et du langage. Le naturalisme, qui est au centre de cette approche, se propose de décrire les relations entre la biologie (au sens très large du terme) d’une part, la parole et le langage, d’autre part, par une accumulation d’hypothèses, de données et de preuves formulées et établies grâce à de multiples collaborations interdisciplinaires. Comme pour les travaux sur l’origine de l’Homme (la découverte d’un nouveau fossile entraînant souvent une remise en question des théories précédentes), on assiste à un foisonnement théorique qui entraîne parfois des développements très hypothétiques, s’appuyant sur des résultats fragiles et sur trop peu de données, proposés dans des disciplines connexes mais non maîtrisées ou trop simplifiées. C’est pourquoi les bilans réguliers, les mises en perspectives critiques ne nous semblent pas superflus.Dans un premier temps nous proposerons une classification qui permet une lecture des différentes théories proposées depuis un demi-siècle (théorie push-pull). Dans l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’inférer quand nos ancêtres, voire nos lointains ont acquis la faculté de langage et de parole : le contrôle des articulateurs, la coordination entre le larynx et le conduit vocal, la phonologie, la syntaxe, la sémantique et la récursivité. Parmi les questions qui se posent, il en est une qui reste sans réponse : pourquoi notre espèce est actuellement la seule à posséder langue et parole ? De nombreuses questions font partie des problèmes mal posés, comme le sont les questions du type: Quelle(s) langue(s) parlaient nos prédécesseurs ? Possédaient-ils une langue unique ? En effet, on ne dispose pas (pour le moment) de suffisamment de données pour pouvoir y répondre. Peut-être même que ces questions ne trouveront pas de solution. Actuellement, il est quand même possible de répondre à la question suivante : si nous supposons que nos ancêtres (et cousins lointains) contrôlaient leur larynx et leur conduit vocal de la même manière que les Hommes actuels, est-ce que la géométrie de leur conduit leur permettaient de produire les structures sonores qui sont pratiquement présentes dans toutes les langues du monde ?Nous présenterons ensuite nos travaux qui participent à la nouvelle réarticulation avec une approche véritablement axée sur la pluridisciplinarité. Ils s’inscrivent dans le domaine des relations entre la morphologie des organes de la production de la parole et son contrôle. Nous présentons de nouveaux résultats concernant la croissance du conduit vocal de la naissance à l’âge adulte puis des reconstructions du conduit vocal pour des fossiles qui couvrent la période de 10.000 ans à un million et demi d’années BP (Before Present). À partir du crâne, de la mandibule et des vertèbres cervicales nous essaierons de manière plausible (1) de localiser l’os hyoïde, support de la langue, et la position de la glotte, (2) de reconstituer un conduit vocal, à l’aide d’un modèle articulatoire, (3) d’induire les possibilités acoustiques de tous ces conduits. En combinant phylogenèse et ontogenèse il est possible de représenter l’anatomie du tractus en synthétisant deux remodelages qui renvoient à l’ontogenèse et à la phylogenèse. Nous montrerons que tous ces conduits ont les mêmes potentialités acoustiques, ils peuvent produire les voyelles /i a u/ qui sont pratiquement présentes dans toutes les langues du monde : un triangle à l’intérieur duquel se situent toutes les autres voyelles. Quand aux consonnes les plus fréquentes /p t k/, /b d g/ elles sont aussi à la portée de tous ces conduits vocaux à partir de gestes de fermeture dans des régions précises (lèvres, zone alvéodentale, zone vélaire). De nouvelles pistes de recherche sont proposées qui tendraient à montrer qu’il y a vraisemblablement plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions d’années que le conduit vocal présente une morphologie favorable à l’émergence et à la production de la parole. Un cadre est posé dans lequel les capacités orofaciales nécessaire à la parole pourraient être reliées au mécanisme précurseur d’ingestion (mastication-déglutition).
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