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Les enjeux du débat allemand sur le travail de qualité

dans CIRAC


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    • 2013-10-16T02:00:00Z
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    • À en croire les médias français qui s’emparent avec un plaisir non dissimulé des arguments de la campagne électorale de la gauche allemande et relaient ainsi dans l’opinion française la mobilisation européenne contre l’austérité de la Confédération européenne des syndicats (CES) et d’autres organisations, il n’y aurait outre-Rhin que précarité et pauvreté – l’envers de la compétitivité économique. Plus de 7 millions d’Allemands seraient forcés de travailler pour des salaires de misère. Avec des patrons par nature exploiteurs, des salariés victimes d’un système « ultra-libéral », comment les Allemands pourraient-ils être épanouis et heureux ? Dans ces conditions, la qualité de vie au travail, le travail de qualité, voire le travail décent ne peuvent être que de vains mots en Allemagne.Pourtant, à considérer les études dignes de foi et réalisées en Allemagne ou au sein de l’Union européenne – des travaux scientifiques jusqu’aux analyses du mouvement syndical –, les Allemands se distinguent de leurs voisins européens sur plusieurs aspects, et principalement celui-ci : ils se disent heureux au travail. Et si parfois la sécurité de l’emploi leur cause souci, l’épanouissement personnel dans un environnement propice à la confiance leur importe bien plus que le montant de leur salaire. Leur priorité n’est pas l’introduction d’un salaire minimum légal, qu’il soit de 8,50 € l’heure comme le voudrait la Confédération syndicale DGB ou de 10 € comme le prône Die Linke. Ce qui compte à leurs yeux, c’est le respect et la reconnaissance que leur vaut leur travail. Sur ce point, ils sont au fond très proches des Français pour qui, si on se réfère à la dernière enquête de la Sofres sur la qualité de vie au travail (juin 2013), celle-ci se résume à trois notions : respect, reconnaissance et épanouissement. Alors, qu’en est-il de la qualité du travail en Allemagne ? Ou, pour le formuler comme la Confédération DGB : qu’est-ce qui caractérise le « bon travail » (gute Arbeit) ? À considérer de près les termes du débat mené outre-Rhin, on s’aperçoit que, contrairement à ce qu’on veut faire croire en France, la question d’un ‘meilleur’ travail est loin de constituer la préoccupation première des salariés allemands ; elle n’est et n’était qu’un argument de campagne politique et syndicale centré sur des thèmes ciblés (salaire, sécurité de l’emploi). Ensuite, si les médias français (et allemands) s’emparent si volontiers de cette thématique, c’est que la notion même de travail/emploi de qualité (ou de qualité de vie au travail) s’y prête idéalement, tant elle est floue, les comparaisons internationales reposant sur des statistiques partielles ou peu comparables entre elles. Enfin, ce flou sert l’instrumentalisation transfrontières de la problématique pauvreté/précarité dans un agenda setting anticapitaliste et anti-mondialisation dont la finalité est l’adoption « d’amortisseurs sociaux » européens en compensation des « contraintes » liées à l’UEM.
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