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« Morale et profit ne sont pas incompatibles »


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    • 2009-12-01T01:00:00Z
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    • « L’économie de marché a la réputation de n’être pas solidaire, de récompenser l’égoïsme et le matérialisme. Ces reproches d’ordre moral ont de lourdes conséquences politiques : ils inhibent les réformes pourtant nécessaires », expliquait Karl Homann, professeur de philosophie et d’éthique économique dans un discours tenu lors de la remise du Prix Max-Weber d’éthique des affaires en novembre 2006 à Berlin (iw Forum, 4/07). Le difficile équilibre entre marché et solidarité reformulé par les partis SPD et CDU lors de la refondation de leur programme (voir dans ce numéro) abonde dans ce sens, de même que la revendication d’une partie de la gauche des deux partis du gouvernement de coalition pour revenir en arrière sur une partie des réformes du gouvernement Schröder. Il est vrai que, en Allemagne aussi, la presse relate abondamment les manifestations de ce « matérialisme » que favoriserait la logique marchande : délit d’initiés chez EADS, corruption chez Siemens ou VW… Mais sans aller jusqu’à ces ‘affaires’ qui défraient la chronique, le soupçon « d’égoïsme » est immédiat dès lors qu’il s’agit de stock options ou simplement de la rémunération des patrons à l’heure où diverses études émanant de la Fondation Friedrich-Ebert du SPD ou de la Confédération syndicale DGB ont mis en tête de l’agenda public la question de la pauvreté. En Allemagne aussi, on suspecte aujourd’hui l’économie de marché de tous les maux, comme le révèle la montée en puissance d’une nouvelle gauche néo-marxiste à gauche du SPD ou la tentation, au sein même du gouvernement de grande coalition, d’intervenir plus qu’avant dans le mode de fonctionnement du marché, en instituant un salaire minimum légal dans le segment postal ou en plafonnant le salaire des patrons…Et pourtant, l’Allemagne ne doit-elle pas sa prospérité comme l’exemplarité de son « modèle social » depuis la fin de la guerre à une approche du marché cherchant à concilier en permanence libéralisme et solidarité, profit et morale ? Les Allemands auraient-ils oublié les fondements de leur propre modèle économique et social ? Les changements induits par la globalisation leur auraient-ils fait oublier jusqu’aux valeurs qui fondent « l’ordre constitutionnel libéral et démocratique » de leur pays, tel que le pose la Loi fondamentale (voir REA 52-53/01) ? Nous avons demandé à Dominik Enste, chercheur à l’Institut der Deutschen Wirtschaft (IW, Cologne), de nous exposer les enjeux de l’actuel débat sur les valeurs et la morale qui sous-tend l’approche de la politique allemande.
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