Eduard Spranger, auteur prolifique de textes qui prônent une pédagogie discutable, est peu connu en France. L’article met en perspective la problématique principale de son œuvre : instituer au cœur de l’individu l’esprit de sacrifice pour son État. Ce geste qualifié par lui-même de « frappe pédagogique » est l’étape essentielle d’un changement profond de mentalité entrainant un processus « victimaire » qui permet aux autorités de modifier le cadre de référence tout en maintenant le sujet dans une position de « victime », et ce faisant l’oblige à croire que sa situation est sans issue. Cette frappe, mise à l’œuvre en amont de la prise du pouvoir national socialiste et appliquée pendant les années du Reich, a été reconduite notamment entre 1945 et 1955.