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Robots poètes chez Stanisław Lem : réflexions sur la nécessaire étrangeté de la langue littéraire en contexte soviétique

dans Université Gustave Eiffel


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2020-12-17T01:00:00Z
  • Notes
    • À partir de l’étude de la nouvelle « Croisade n° 1 bis, ou l’électrouvère de Trurl » qui met en scène un robot-poète, l’article se propose de comprendre les enjeux politiques et littéraires des choix stylistiques accomplis par Stanisław Lem dans La Cybériade. Tout d’abord, la référence aux grands voyages imaginaires de Rabelais et de Swift ancre le texte de Lem dans une tradition humaniste de critique des savoirs, alors même qu’une certaine compréhension de la science, via le marxisme-léninisme, est au fondement de l’impérialisme et du totalitarisme du régime soviétique, dont Lem a vu l’établissement en Pologne et en Ukraine. En même temps, le mélange incongru d’archaïsmes et de néologismes permet le désancrage temporel du texte et rend moins évidente la virulente actualité de son propos critique, ce qui est vital pour contourner la censure d’Etat. Lem s’appuie ainsi sur ce qui est appelé par les historiens de la littérature polonaise la « langue ésopique » : les critiques du régime s’expriment en littérature par des voies détournées, par des décentrements géographiques ou par le biais de la fable. Celles-ci suscitent alors chez le lecteur qui en comprend les allusions le sentiment d’une complicité subversive, par devers le régime et la censure, avec l’auteur et la communauté des lecteurs.Enfin, l’étrangeté linguistique est alors la trace des contraintes imposées au texte littéraire dans la Pologne communiste de l’après-guerre, autant que des stratégies trouvées pour les contourner.
  • Langues
    • Français
  • Sujet(s)
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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