La peinture victorienne se caractérise par une narrativité qui lui valait l’enthousiasme du public, tout en lui attirant de la part de la critique autant de reproches que d’éloges. A Henry James, qui s’offensait de la lecture « historicisante » des œuvres d’art, répond John Ruskin, toujours soucieux de déchiffrer « l’avant » et « l’après » de la scène représentée par l’artiste. De nombreux peintres victoriens cherchèrent ainsi à concilier dans leurs tableaux ces deux dimensions apparemment incompatibles que sont l’espace et le temps, en usant des stratagèmes les plus divers : toiles juxtaposées formant une série plus ou moins chronologique, polyptiques, titres incitant à une compréhension littéraire de l’œuvre, etc. Et la critique contemporaine pratiquait elle aussi ce grand écart entre vision spatiale et lecture temporelle.